04 94 60 64 80

Visits: 14

Dépasser le cadre du collège

Lors de notre première réunion des éco-délégués en janvier dernier, Paulin, élèves de 3e suggère d’éteindre les lumières de Fayence après minuit pour préserver et respecter le rythme des animaux nocturnes.  C’est de cette demande que nous est venue l’idée de prendre contact avec la mairie de Fayence.

Michèle Perret, adjointe à l’environnement à la mairie de Fayence, est ainsi venue rencontrer nos éco-délégués le vendredi 26 mars 2021. Une première prise de contact, qui s’est vite avérée fructueuse. Après une rapide présentation des actions de la mairie en faveur de l’environnement, nos élèves ont embrayé sur les problématiques qui leur tenait à coeur…

 

Les sujets abordés

Et naturellement, c’est le sujet de l’éclairage nocturne de la ville qui est revenu sur le tapis. Michèle Perret précise que l’éclairage du village est à changer de fond en comble. “On ne peut même plus remplacer les ampoules qui claquent tellement elles sont vieilles”. C’est l’occasion inespérée de réfléchir aux nouveaux types d’éclairage LED, leur orientation, leur intensité, ainsi que le laps de temps d’extinction durant la nuit. Une réflexion que pourrait nourrir l’excellent rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), page 50.

Des risques sur la santé humaine et sur la biodiversité

Nos modes de vie ont multiplié les sources d’exposition de nos rétines aux lumières LED : utilisation de multiples écrans, éclairages domestiques,  publics, enseignes de magasin, panneaux lumineux… Le rapport de l’ANSES conclut que la lumière bleue émanant des diverses sources d’éclairage LED induit sur la santé humaine  une “perturbation des rythmes circadiens, une perturbation du sommeil, une effet sur les performances cognitives et le niveau de vigilance“. Elle est encore plus importante pour les enfants de moins de 20 ans : “Les personnes de plus de 60 ans ont un taux de filtrage de la lumière bleue environ deux fois supérieur à une personne de 20 ans.” 

Les collectivités territoriales ont donc bien une responsabilité dans le choix de leur éclairage public. D’autant plus que le problème de pollution lumineuse  touche aussi la biodiversité.

De plus en plus d’études confirment les effets indésirables de la multiplication de la pollution lumineuse sur la faune et la flore  :

  • perturbation de la vision, de l’orientation et du comportement d’espèces animales ;
  • perturbation des trajectoires de migration de certaines espèces ;
  • perturbation des relations entre proies et prédateurs ;
  • expulsion d’espèces fuyant la lumière (pertes d’habitat) ;
  • concentration d’espèces attirées par la lumière autour des sources de lumière ;
  • perturbation du développement des végétaux, y compris celui des arbres ;
  • perturbation des rythmes circadiens ;
  • fragmentation des habitats  rapport de l’ANSES (Page 307).
Attention au choix de l’éclairage

Le choix d’une source d’éclairage à LED nécessite de maîtriser la notion de « température de couleur ». La température de couleur d’une lumière blanche  permet de figurer sa teinte, plus ou moins chaude , – inférieure à 3000 K, elle  aura une teinte un jaune – ou froide, supérieure à 5000 K elle tirera sur le bleu.  Le rapport précise aussi :
“Le remplacement des lampes de l’éclairage public (sur la voirie) et d’intérieur par des LED pourrait contribuer à réduire la pollution lumineuse, en ciblant davantage les zones à éclairer (et donc en limitant la diffusion) et en modulant la qualité (longueur d’onde) et l’intensité de la lumière émise, ce que permet la technologie LED ; la condition associée est que le nombre de points lumineux à LED ne soit pas augmenté comparativement au nombre de points lumineux remplacés.”rapport de l’ANSES (Page 61).

Un débat polémique : la chasse

Puis très vite, le sujet de la chasse a été abordé. La majorité des nos éco-délégués sont vent-debout contre ces pratiques ancestrales. Plusieurs témoignages de leur part affluent : Maéva, qui aime tant se balader à cheval, “a failli croiser la balle d’un chasseur“. Celle-ci a rencontré un obstacle. Un éclat de la balle a égratigné la joue de la personne qui l’accompagnait. Elles ont été quitte d’une belle frayeur. Quentin aussi renchérit, “une balle de chasseur a atterri dans mon jardin” dit-il en colère, et Solène de préconiser un périmètre autour des habitations pour le village de Fayence. Chloé rajoute que certains chasseurs tuent pour le plaisir et laissent les cadavres d’animaux morts sur place.

La loi est peu claire et dépend pour beaucoup des arrêtés préfectoraux relatifs à la sécurité publique. Ils interdisent en général à toute personne placée « à portée de fusil », ou à moins d’une certaine distance (souvent 150 mètres ) de tirer en direction des routes, chemins publics, voies ferrées, stades et habitations particulières.

Mikka, lui est plus réservé. Originaire d’une famille qui pratique la chasse, il modère le débat de son témoignage. “Beaucoup de chasseurs respectent les règles du chef de battue.” Mme Perret indique quant à elle qu’elle est attentive au message des élèves, mais que ce problème n’est pas du ressort de la mairie.

Avec l’aimable autorisation du dessinateur Kristian

 

Propreté, déchets, incivilités

Le sujet épineux de la propreté et des déchets revient aussi dans la discussion : “On manque de poubelles, au centre ville” dit Mme Perret en constatant le manque de civisme récurrent de certains habitants qui jettent leur masque sur la chaussée. “On va remettre des poubelles” leur assure-t-elle, devant une approbation générale des élèves. Mais il n’y a pas que les masques, certains squares sont régulièrement investis par des riverains peu scrupuleux, qui laissent les lieux dans un état lamentable.

Enfin, Maéva évoque aussi la possibilité de mettre en place des lieux partagés pour le compostage ou la mise en place de jardins partagés pour les habitants du centre du village.

On en était là quand la sonnerie a retenti. Il restait encore plein de points que les éco-délégués n’ont pu exposer à l’adjointe, et d’un commun accord, nous nous sommes convenus de nous revoir très vite…

Aller au contenu principal