Garçon, un poème s’il vous plaît !
AloRs que lE PrinteMps dEs pOètes PoinTe le Bout de soN neZ…. VoicI
trOis PoèMes lUs par dEs élèves De 6e6 dans un projet Poésie, mené par Mme Baret, professeure de lettres et Marie Valet, professeure documentaliste.
#Printemps des poètes #Poèmes # Poésies #Beauté #Lecture à voix haute
Prière à la nouvelle lune
« Lune qui te lèves, qui reviens nouvelle,
Prends mon visage, ma vie, avec toi,
Rends-moi le jeune visage, le tien,
Le visage vivant, qui se lève renouvelé :
Ô lune, donne-moi le visage
Avec lequel tu renais de la mort.
Lune à jamais perdue pour moi,
Et jamais perdue car tu reviens ;
Sois pour moi ce que je fus jadis
Et que je sois à ton image:
Donne-moi le visage, ô lune,
Qu’après ta mort tu renouvelles.
Lune, quand tu es nouvelle tu nous dis
Que tout ce qui meurt doit renaître ;
Ton visage qui renaît me dit
Que mon visage, s’il meurt, vivra :
Ô lune, donne-moi le visage
Que toi, par ta mort, renouvelles. »
(Le Chant des Bushmen/Xam, traduit de l’anglais par Madeleine Longuenesse, 2000.)
Prière à la nouvelle lune
Destin d’une eau
Où cours-tu, ru?
Où cours-tu, ru,
au fond des bois?
Agile comme une ficelle
tu coules liquide étincelle
qui éclaire les fougères
minces souples et légères
abandonnant derrière toi
la mobile splendeur des bois
Où cours-tu, ru?
Où cours-tu, ru,
du fond des bois
tu te précipites à la mort
tu perdras tes eaux vivaces
dans un courant bien plus fort
que le tien qui se prélasse
au pied des fougères
minces souples et légères
ignorant sans doute tout ce qui t’attend
la rivière le fleuve et le dévorant océan.
Raymond Queneau
Où cours-tu, ru?
Fraternité
Seul, en ce moment, inquiet de tendresse et songeur,
Il me semble qu’il y a d’autres hommes en d’autres contrées
Inquiets de tendresse et songeurs.
Il me semble que je puis jeter un coup d’œil et les voir
En Allemagne, Italie, France, Espagne,
Ou là-bas, très loin, en Chine ou en Russie, ou au Japon,
Parlant d’autres dialectes.
Et il me semble que si je pouvais connaître ces hommes-là
Je m’attacherais à eux, comme je m’attache aux hommes de mon pays ;
Oh ! Je sais que nous serions frères et amis.
Je sais que je serais heureux avec eux.
Walt Whitman, extrait de « Feuilles d’Herbe », 1855